10 jours pour y voir clair - Jour 1 : histoire, cadre et reconnaissance
Bienvenue dans le Jour 1 de la série « TDAH : 10 jours pour tout savoir ». Cette série s’adresse à toute personne concernée par le TDAH : enfant, jeune, adulte, ainsi qu’à leurs proches. Notre but : parler du TDAH sans tabou, clarifier progressivement les idées reçues (dès le Jour 2), et transmettre des repères fiables ainsi que des astuces et techniques utiles au quotidien. La série est lancée par Chimok dans le cadre de CapTDAH, un espace communautaire et un accompagnement fondé sur la psychoéducation et des séances de groupe (exercices guidés, outils concrets) pour aider les personnes concernées et leurs proches à ne plus laisser le TDAH gâcher le quotidien. Ces 10 épisodes gratuits mènent à un webinaire en direct le 3 septembre à 19h30 (Europe/Paris), animé par Thierry Hergueta (psychologue clinicien, TCC) et Chimok, qui présentera l’accompagnement Cap TDAH et répondra à vos questions, avec une surprise offerte aux participant·e·s.
Des origines à nos jours : un fil historique continu
Le TDAH n’est pas nouveau. Dès la fin du XVIIIᵉ siècle, des médecins décrivaient déjà des personnes très distractibles, impulsives et agitées. En 1798, Alexander Crichton parle de la difficulté à « garder son attention ». En 1902, George F. Still décrit des enfants « incapables de se contrôler » malgré une intelligence normale. Ces deux repères ressemblent fortement à ce qu’on appelle aujourd’hui TDAH (sigle français d’Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder, “ADHD” en anglais)⁸ ⁹.
Au XXᵉ siècle, les termes changent mais le fond reste le même : on parle d’« instabilité » (autrefois pour dire “très remuant”), d’« hyperkinésie » (activité motrice excessive), puis le terme ADHD/TDAH s’impose à la fin des années 1980 avec le manuel de diagnostic DSM-III-R (version 1987 de l’Association américaine de psychiatrie). Du côté de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la CIM (Classification internationale des maladies) parlait en 1993 de « troubles hyperkinétiques » (code F90), avant que la CIM-11 (sa version actuelle, utilisée partout dans le monde) n’adopte officiellement le terme ADHD/TDAH³ ⁸.
Et au Moyen Âge ? On trouve parfois des textes ou images qui laissent penser à des comportements proches, mais aucune source médicale de l’époque ne permet de poser un diagnostic comme aujourd’hui. Les historien·ne·s de la médecine rappellent d’ailleurs qu’il faut se méfier des “rétro-diagnostics” (attribuer un trouble moderne à des personnages anciens) car cela peut vite être anachronique ou biaisé. Conclusion : on n’a pas de preuves suffisantes pour affirmer que le TDAH était décrit au Moyen Âge¹⁰.
Cela dit, puisqu’il s’agit d’un trouble du neurodéveloppement (c’est-à-dire lié à la façon dont le cerveau se construit et fonctionne dès l’enfance) et qu’il a une forte composante génétique (les études de jumeaux estiment que 70–80 % des différences observées sont liées aux gènes), il est très peu probable que ce soit un phénomène « moderne ». Des profils similaires ont sans doute toujours existé, même si on ne peut pas les diagnostiquer rétrospectivement¹³. Le fait qu’aujourd’hui on retrouve du TDAH chez l’adulte dans de nombreux pays et cultures (environ 3 personnes sur 100, selon de grandes enquêtes de l’OMS) confirme cette continuité à travers l’histoire¹⁴.
Reconnaissance : un trouble officiellement classé… avec des réalités nationales contrastées
Le TDAH est reconnu à l’échelle internationale. Deux grandes classifications médicales l’incluent officiellement dans la famille des troubles du neurodéveloppement (c’est-à-dire des différences dans la manière dont le cerveau se développe et fonctionne dès l’enfance) :
- la CIM-11, la Classification internationale des maladies de l’OMS, utilisée dans le monde entier ;
- et le DSM-5-TR, manuel publié par l’Association américaine de psychiatrie (APA), qui fait référence pour les cliniciens² ³.
(Les critères précis seront présentés dans le Jour 2.)
Cette reconnaissance repose sur un socle scientifique solide. En 2021, la World Federation of ADHD a publié un document de consensus rassemblant 208 conclusions basées sur la recherche. On y trouve des points clairs sur la nature du trouble, son évolution au cours de la vie, ses conséquences et les différentes façons de le prendre en charge. Ce texte a aidé à harmoniser les discours et à réduire la stigmatisation⁶.
Sur le terrain, les pratiques varient selon les pays. En France, la HAS (Haute Autorité de Santé, organisme public) a publié en 2024 des recommandations pour les enfants et adolescents, qui servent de cadre commun pour le repérage, l’évaluation et les interventions³. Au Royaume-Uni, la recommandation nationale NICE NG87, mise à jour en 2025, couvre enfants, jeunes et adultes et décrit le parcours de soins⁴. En Amérique du Nord, des organismes publics comme le CDC (agence de santé publique américaine) et le NIMH (Institut national de santé mentale) diffusent des informations claires et accessibles, cohérentes avec ces classifications.
Pourquoi les chiffres de prévalence semblent-ils si différents d’un pays à l’autre ? Une grande analyse internationale a montré que ces écarts viennent surtout des outils utilisés (questionnaires, seuils choisis), pas d’un “effet pays”. Quand on standardise les méthodes, les taux restent stables au fil du temps⁵. Chez l’adulte, une méta-analyse mondiale (c’est-à-dire une synthèse de nombreuses études) estime qu’environ 2,6 % de la population est concernée par un TDAH persistant¹.
Autre différence importante : l’usage des médicaments. Une étude publiée dans EClinicalMedicine (revue du groupe Lancet) portant sur 64 pays (2015–2019) a montré une hausse moyenne d’environ +9,7 % par an de leur consommation, surtout dans les pays riches, tandis que les pays à revenu intermédiaire restent beaucoup moins concernés¹¹.
Enfin, certains systèmes sont saturés. Par exemple, au Royaume-Uni, un rapport indépendant publié en 2025 par le NHS England (service de santé national) a montré des délais très longs et recommandé une réorganisation complète : meilleure coordination entre santé, école et services sociaux, usage d’outils numériques et formation renforcée des professionnels¹².
👉 À retenir : le TDAH est bel et bien reconnu dans les classifications médicales mondiales. Mais l’accès concret au diagnostic, aux accompagnements et aux traitements dépend fortement des pays, de leurs choix politiques et des moyens de leurs services. Les comparaisons internationales doivent donc être faites avec prudence, en tenant compte des méthodes utilisées⁵ ¹¹.
Demain (Jour 2), cap sur des repères cliniques clairs et accessibles : comment les grands référentiels décrivent le TDAH et comment distinguer la distraction ordinaire d’un trouble avec retentissement, sans jargon inutile.
Pour aller plus loin : webinaire & accompagnement Cap TDAH
Ce contenu sera repris et développé en profondeur dans l’accompagnement CapTDAH, présenté lors d’un webinaire gratuit animé par Thierry Hergueta (clinicien expert des troubles du neurodéveloppement) et Chimok. Nous y expliquerons comment se déroule l’accompagnement (format, objectifs, outils) et répondrons à vos questions en direct. Rendez-vous le 3 septembre à 19h30 (Europe/Zurich). Une surprise sera offerte aux participant·e·s présent·e·s au live.
⚕️ Attention médicale
Toutes les informations que vous trouverez à travers cette série de 10 posts sont générales et ne remplacent pas un avis médical. Si vous vous reconnaissez, parlez-en à un·e professionnel·le formé·e ; suivez les parcours nationaux (France : HAS,Royaume-Uni : NICE). En cas d’urgence, contactez les services d’urgence.