Jour 2 : Symptômes du TDAH : repères clairs pour faire la différence
Aujourd’hui, on laisse l’histoire de côté (vue au Jour 1) et on va à l’essentiel : à quoi ressemblent concrètement les symptômes du TDAH et comment les cliniciens les décrivent. On parlera des deux grands volets (inattention et hyperactivité-impulsivité) avec des exemples du quotidien pour éviter les confusions.
L’objectif : distinguer ce qui relève d’une distraction normale de ce qui correspond à un trouble avec retentissement. On s’appuie pour cela sur les référentiels officiels (CIM-11/OMS et DSM-5-TR/APA), sans jargon inutile, et on rappelle quand consulter et pourquoi l’auto-évaluation seule ne suffit pas.
Prêt·e ? On commence par un récap simple des critères (CIM-11 / DSM-5-TR), puis on explique en quoi « être parfois distrait » n’est pas la même chose qu’un TDAH avec impact au quotidien.
Les critères officiels : CIM-11 et DSM-5-TR
Pour cadrer le TDAH aujourd’hui, deux grandes classifications médicales servent de référence.
La CIM-11, c’est la Classification internationale des maladies dans sa onzième version, publiée par l’Organisation mondiale de la santé. Elle décrit le TDAH comme un ensemble persistant, c’est-à-dire qui dure au moins six mois, de symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité. Ces difficultés doivent dépasser ce qui est attendu pour l’âge, avoir un impact direct sur la vie scolaire, professionnelle ou sociale, et se manifester dans plusieurs contextes comme la maison, l’école, le travail ou les relations. Les signes apparaissent dès l’enfance. La CIM-11 insiste beaucoup sur l’évaluation globale par le clinicien : ce n’est pas seulement une question de compter des symptômes, mais de juger de leurs conséquences sur la vie quotidienne³.
Le DSM-5-TR, c’est le manuel de référence de l’Association américaine de psychiatrie. Il distingue trois formes de TDAH : une forme surtout inattentive, une forme surtout hyperactive-impulsive, et une forme combinée. Il fixe aussi des seuils : au moins six symptômes chez l’enfant, cinq à partir de 17 ans et chez l’adulte, présents depuis au moins six mois, avec un début avant 12 ans et dans au moins deux milieux de vie (par exemple école et maison). Le trouble doit avoir des conséquences importantes sur la vie de tous les jours⁴ ⁵. Ce manuel précise aussi que chez l’adulte, certains symptômes changent de forme : par exemple, l’agitation interne peut remplacer le fait de courir ou grimper partout⁶.
Liens officiels :
- ICD‑11 (OMS) : https://icd.who.int/
- DSM (APA) : https://www.psychiatry.org/psychiatrists/practice/dsm
« Tout le monde est distrait parfois » ≠ TDAH
Oublier ses clés, rêvasser ou bouger beaucoup en fin de journée, c’est normal et ça arrive à tout le monde. Le TDAH, lui, se définit autrement : il faut que les manifestations soient fréquentes, fortes, présentes depuis au moins six mois, visibles dans plusieurs situations (par exemple à l’école et à la maison), et qu’elles perturbent vraiment la vie quotidienne.
Un exemple concret : un enfant sans TDAH peut parfois rêvasser en classe. Mais un enfant avec TDAH est distrait presque tous les jours, aussi bien à l’école qu’à la maison, ce qui entraîne des devoirs non rendus et des conflits réguliers. De même, rater une échéance de temps en temps n’est pas du TDAH. Par contre, rater souvent ses échéances malgré des rappels et des outils adaptés, là oui. Ces critères (durée, plusieurs contextes, impact réel sur la vie, et début avant 12 ans) sont ceux utilisés par les cliniciens dans la CIM-11 (classification internationale des maladies de l’OMS) et le DSM-5-TR (manuel de diagnostic des psychiatres américains)³ ⁴ ⁵.
Comment s’établit le diagnostic (et pourquoi un test en ligne ne suffit pas)
Remplir un questionnaire sur Internet peut parfois donner un indice et pousser à consulter, mais ce n’est jamais un diagnostic. Selon les recommandations officielles, seul un·e professionnel·le formé·e peut poser ce diagnostic après :
- un entretien clinique approfondi,
- la reconstitution de l’histoire depuis l’enfance,
- la comparaison des informations données par la famille, l’école ou le travail,
- un examen médical pour écarter d’autres causes.
Il n’existe pas de biomarqueur (test sanguin ou IRM) ni de test unique qui suffise. Les échelles standardisées (questionnaires validés scientifiquement) sont utiles, mais elles doivent toujours être interprétées par un médecin ou un psychologue spécialisé⁷ ⁸ ⁹.
Idées reçues : ce qu’il faut corriger
« Le TDAH est à la mode » : Faux. La littérature médicale montre une continuité historique solide, et un consensus international publié par la World Federation of ADHD a résumé 208 conclusions scientifiques pour corriger ces fausses idées⁸.
« C’est un problème de discipline ou de volonté » : Faux. Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement : c’est-à-dire que l’attention, l’activité et la régulation des impulsions fonctionnent différemment dans le cerveau. Ce n’est pas une question de motivation ou d’éducation, et les critères exigent un vrai impact sur la vie, pas juste le fait d’être turbulent³ ⁴ ⁵ ⁶.
« Ça disparaît à l’adolescence » : Inexact. Les symptômes changent parfois de forme (l’agitation physique peut se transformer en agitation interne) mais beaucoup d’adultes présentent encore un TDAH. Des guides officiels (NICE au Royaume-Uni, RCPsych) expliquent d’ailleurs la prise en charge à l’âge adulte⁹ ¹⁰.
Le Jour 3 parlera du diagnostique. On abordera pourquoi il faut ou pas le faire, et ce qu'il permet ensuite d'ouvrir comme portes.
Pour aller plus loin...
Ce contenu sera repris en direct dans notre accompagnement qui sera présenté lors de notre webinaire, animé par Thierry Hergueta, psychologue clinicien expert des troubles du neurodéveloppement. Il introduira l’accompagnement Cap TDAH, avec des pistes concrètes pour comprendre et avancer (diagnostic, erreurs à éviter, premiers leviers d’action). Inscrivez‑vous pour ne rien manquer :