Jour 4 : Comment se passe un diagnostic TDAH ? Le parcours réel
Un diagnostic de TDAH, ce n’est pas un petit test en 15 minutes sur Internet. C’est un parcours clinique structuré, mené par des professionnels formés. L’objectif : vérifier si les critères officiels (CIM-11 / DSM-5-TR) sont bien remplis, repérer d’éventuels troubles associés, et construire ensuite une prise en charge adaptée.
La CIM-11 (classification internationale des maladies de l’OMS) décrit le TDAH comme un schéma persistant (au moins 6 mois) d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité, au-delà des variations normales de l’âge, présent dans plusieurs contextes (école, travail, famille), et avec un impact réel sur la vie quotidienne¹.
Le DSM-5-TR (manuel diagnostique américain de référence) précise les seuils et l’âge de début des symptômes. Dans tous les cas, un seul principe est clair : seul un professionnel formé peut poser un diagnostic² ³ ⁴ ⁵.
Qui consulter, et par où commencer ?
Le plus souvent, le médecin traitant (généraliste ou pédiatre) est la première étape. Il écoute la demande, écarte des causes simples, puis oriente vers les spécialistes compétents : psychiatre, pédopsychiatre, ou psychologue/neuropsychologue formé·e au TDAH.
- En France, les CMP (centres médico-psychologiques) proposent des évaluations pluridisciplinaires gratuites, mais avec des délais parfois longs. Le secteur libéral (psychologues, psychiatres) est plus rapide, mais payant⁷.
- En Suisse, plusieurs hôpitaux universitaires (HUG à Genève, CHUV à Lausanne) offrent des consultations spécialisées avec évaluations et psychoéducation, intégrées au système de santé⁹ ¹⁰.
- En Belgique, le diagnostic est assuré par des pédopsychiatres, psychiatres et neuropsychologues, souvent dans des centres hospitaliers ou pluridisciplinaires. Certains services publics sont accessibles via prescription, avec aussi un recours fréquent au privé.
- Au Canada, chaque province organise le parcours différemment. Le médecin de famille ou pédiatre oriente vers les spécialistes (psychiatres, psychologues, équipes hospitalières). Des cliniques spécialisées existent (souvent en ville), mais les listes d’attente peuvent être longues ; les ressources privées sont plus rapides mais coûteuses.
- Au Maroc et en Algérie, les diagnostics sont réalisés par des pédopsychiatres ou psychiatres en cabinet ou en milieu hospitalier, principalement dans les grandes villes. Les ressources restent limitées, avec une forte inégalité d’accès entre secteur public et privé.
- Dans d’autres pays d’Afrique, l’offre est très hétérogène : certains pays disposent de centres hospitaliers avec psychiatres formés, mais globalement l’accès reste restreint, surtout en dehors des grandes capitales. L’appui des associations locales et ONG joue souvent un rôle clé pour le repérage et l’orientation.
Les grandes étapes du diagnostic
Un diagnostic TDAH se déroule généralement en plusieurs temps :
- Entretien clinique détaillé (anamnèse) : histoire de vie, symptômes présents depuis l’enfance, retentissement actuel, antécédents médicaux et familiaux² ⁴ ⁵ ⁶.
- Recueil de plusieurs sources : questionnaires validés remplis par la personne, les parents, l’école ou le travail. Ces échelles servent d’appui mais doivent être interprétées par le clinicien² ⁴ ⁵.
- Examens complémentaires si nécessaire : tests neuropsychologiques ciblés, examens somatiques si suspicion d’une autre cause⁴ ⁵.
- Vérification des critères CIM-11 (persistance, multi-contextes, retentissement)¹ et DSM-5-TR (seuils, âge de début, au moins deux contextes)² ³.
- Exploration des diagnostics différentiels : troubles du sommeil, anxiété, dépression, troubles « dys », TSA, addictions, pathologies somatiques (thyroïde, etc.)² ⁴ ⁵ ⁶.
- Restitution et plan d’action : discussion avec la personne, choix des priorités (ce qui gêne le plus), co-construction du plan (psychoéducation, stratégies, aménagements, traitements si besoin)³ ⁴ ⁸.
À retenir : il n’existe pour l'instant pas de “prise de sang du TDAH”. Le diagnostic repose toujours sur un faisceau d’indices cliniques, croisés et vérifiés² ⁴ ⁵.
Délais et coûts : réalités concrètes
Les délais varient beaucoup : parfois quelques semaines en libéral ou à l’hôpital, parfois plusieurs mois (voire plus d’un an) dans le public.
Côté coûts :
- Parcours publics (France : CMP, Suisse : hôpitaux) → gratuits ou pris en charge⁷ ⁹ ¹⁰.
- Parcours libéraux → psychologues, neuropsychologues, psychiatres : souvent plusieurs centaines voir milliers d’euros.
Conseil pratique : demandez dès le début un récapitulatif écrit des étapes, des coûts et des délais estimés. Et si l’attente est longue, il existe des choses utiles à mettre en place en parallèle.
Que faire en attendant ?
- Stratégies “low-tech” : routines, sommeil régulier, activité physique, limiter les distracteurs (notifications, téléphone), minuteurs, listes courtes, récompenses rapides.
- Communauté et entraide : groupes de pairs, body doubling (travailler à deux, même en visio), communautés comme CapTDAH : disponible ici.
- Aménagements pragmatiques à l’école, à l’université ou au travail : consignes écrites, environnement calme, fractionnement des tâches. Même sans diagnostic officiel, décrire ses difficultés peut déjà permettre d’obtenir des ajustements⁴ ⁵.
- Soutien psychologique : en France, le dispositif Mon soutien psy permet, sur ordonnance, d’accéder à des séances prises en charge avec un psychologue⁸.
Et après le diagnostic ?
Une fois posé, le diagnostic ouvre plusieurs leviers :
- Psychoéducation : individuelle ou en groupe, pour mieux comprendre son fonctionnement et trouver des stratégies adaptées. Des programmes structurés existent dans plusieurs hôpitaux, et les recommandations internationales la placent au centre du suivi³ ⁴ ⁶ ⁹. CapTDAH est une des solutions possible.
- Aménagements scolaires et professionnels : temps supplémentaire, consignes fractionnées, outils numériques, poste calme, réunions plus courtes, objectifs étape par étape. Parfois, la reconnaissance de handicap sécurise ces adaptations⁴ ⁵ ⁶.
- Suivi médical : bilan des comorbidités, options médicamenteuses si indiqué (stimulants ou non-stimulants), ajustées progressivement pour atteindre la bonne dose, avec contrôles réguliers³ ⁷.
- Combinaison raisonnée : stratégies + psychoéducation + traitement (si nécessaire) → c’est ce qui donne les meilleurs résultats² ³ ⁴.
Adulte, enfant, ado : même logique, profils qui évoluent
Le TDAH persiste souvent à l’âge adulte, mais il change de visage : moins d’hyperactivité physique, plus d’agitation interne, procrastination, désorganisation, impulsivité. Les guides NICE et RCPsych détaillent un parcours adulte complet : repérage, thérapies adaptées, traitements ajustés, aménagements au travail⁴ ⁶.
L’enjeu est toujours le même : améliorer la qualité de vie et l’insertion, pas “faire disparaître” le trouble.
En résumé
Le diagnostic TDAH :
- apaise le doute et légitime l’accès aux aides,
- repose sur des critères officiels (CIM-11 / DSM-5-TR) et l’exclusion d’autres causes,
- ouvre des leviers concrets (psychoéducation, aménagements, suivi médical),
- permet déjà d’agir avant confirmation, avec des stratégies et du soutien,
- reste un outil précieux à tout âge, y compris chez l’adulte.
But final : ne plus chercher éternellement “pourquoi je suis différent·e”, mais apprendre à avancer avec, sans rester seul·e.
Pour aller plus loin (webinaire)
Ce contenu sera repris en direct dans notre webinaire animé par Thierry Hergueta, psychologue clinicien expert des troubles du neurodéveloppement. On y fait le pas‑à‑pas du parcours, les aménagements et la mise au point thérapeutique.
Inscrivez‑vous pour ne rien manquer et découvrir l’accompagnement CapTDAH (communauté, body‑doubling, lives focus) :