Jour 8 : Gérer ses émotions avec un TDAH : comprendre, réguler et apaiser
Les difficultés émotionnelles sont centrales chez les personnes porteuses d’un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Au-delà de l’inattention et de l’impulsivité, ces personnes présentent souvent une dysrégulation émotionnelle : des réactions intenses, imprévisibles et une difficulté à revenir à un état émotionnel stable. Cet article explore pourquoi cela se produit, décrit des méthodes validées scientifiquement pour mieux réguler ses émotions, et propose des astuces concrètes adaptées au quotidien.
Pourquoi les émotions débordent-elles dans le TDAH ?
- Liens entre fonctions exécutives et régulation émotionnelle
Les fonctions exécutives (inhibition, mémoire de travail, flexibilité mentale) aident à contrôler ses réponses émotionnelles. Or, chez le TDAH, ces capacités sont affaiblies : impossible de freiner rapidement une réaction de colère ou d’anxiété². - Stratégies inadaptées
Les personnes avec TDAH ont davantage recours à la suppression (refouler une émotion) plutôt qu’à la restructuration cognitive (reformuler une pensée négative). Or la suppression prolonge et intensifie le malaise, alors que la restructuration permet un retour plus rapide à la sérénité¹. - Physiologie et cerveau
Des études en électroencéphalographie montrent une activation plus forte et plus longue des régions corticales impliquées dans l’émotion (Late Positive Potential) lors de tâches de régulation². Ce ralentissement physiologique explique pourquoi le stress ou la tristesse restent plus longtemps actifs.
Méthodes validées pour réguler les émotions
1. Mindfulness (pleine conscience)
- Principe : porter son attention sur l’instant présent, sans jugement, en observant ses sensations et ses pensées².
- Preuve d’efficacité chez les jeunes TDAH : un essai randomisé a montré qu’une séance unique de méditation guidée améliorait immédiatement le contrôle inhibiteur et la mémoire de travail chez des adolescents et enfants TDAH².
- Comment pratiquer :
- Assieds-toi confortablement, les yeux fermés, et observe ton souffle pendant 5 minutes.
- Si une pensée surgit (« je n’y arriverai pas »), note-la sans jugement et ramène ton attention au souffle.
- Répète au moins 3 fois par semaine, ou dès que tu te sens submergé·e.
2. Dialectical Behavior Therapy (DBT)
- Principe : combiner des techniques cognitivo-comportementales avec l’acceptation radicale et le travail sur la tolérance à la détresse³.
- Preuve d’efficacité chez l’adulte TDAH : un essai contrôlé sur 14 semaines a montré une amélioration modérée à forte de la régulation émotionnelle et des fonctions exécutives, maintenue 6 mois après la fin du traitement³.
- Compétences clés :
- Mindfulness : être pleinement présent.
- Distress Tolerance : accepter l’émotion sans y réagir immédiatement.
- Emotion Regulation : identifier et nommer les émotions pour diminuer leur intensité.
- Interpersonal Effectiveness : communiquer ses besoins sans s’emballer.
- Mise en pratique simple :
- Quand tu sens la colère monter, décris-la à voix basse (« Je ressens de la colère, mon cœur bat vite »).
- Liste 3 actions pour l’apaiser (respirer profondément, marcher 5 minutes, appeler un·e ami·e).
- Choisis-en une et mets-la en œuvre.
3. Entraînements formels et numériques
- Programmes de régulation émotionnelle pour enfants TDAH : une RCT tunisienne a démontré qu’un protocole de mindfulness de plusieurs semaines améliorait nettement l’autorégulation émotionnelle et les symptômes d’inattention⁴.
- Applications et jeux sérieux : des solutions numériques (ex. « Calm ADHD ») combinent mini-exercices de respiration, affichage de niveaux de stress en temps réel et mini-jeux de reprogrammation cognitive⁵. Elles sont prometteuses, surtout lorsqu’elles sont co-construites avec les utilisateurs⁶.
Conseils pratiques pour le quotidien
- Le journal émotionnel : chaque soir, note brièvement l’émotion dominante (colère, tristesse, joie) et l’événement déclencheur. Avec le temps, tu identifieras tes schémas et pourras anticiper les débordements.
- La règle des 5 minutes : quand une émotion forte survient, accorde-toi 5 minutes pour l’écouter sans agir. Après, choisis consciemment une réponse adaptée (parler, marcher, dessiner).
- Le recours aux routines : crée des rituels apaisants (thé, musique douce, étirements) à heure fixe, pour stabiliser ton système nerveux.
- Le soutien social : intègre un(e) « buddy » émotionnel·le : un·e ami·e ou membre de la famille avec qui tu peux partager tes ressentis sans crainte de jugement.
En résumé
La dysrégulation émotionnelle est un volet majeur du TDAH. Elle naît d’interactions complexes entre fonctions exécutives affaiblies, stratégies inadaptées et activités cérébrales prolongées¹². Des interventions comme la mindfulness, le DBT et des programmes numériques validés offrent des outils concrets pour apprendre à nommer, ralentir et transformer ses émotions. Avec de la pratique régulière et un soutien adapté, chacun·e peut améliorer sa stabilité émotionnelle et vivre plus sereinement, malgré un cerveau TDAH.
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