Jour2 : Origines, critères & idées reçues
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental défini par un schéma persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité‑impulsivité qui altère le fonctionnement scolaire, professionnel ou social. Loin d’être une « mode », il s’appuie sur une histoire médicale solide, des critères officiels précis et des recommandations de bonnes pratiques. Ce premier volet pose le cadre pour la suite de la série (Jour 2 : les symptômes officiels et comment les distinguer d’une simple distraction).
Aux origines : un trouble qui n’a rien de « nouveau »
Des descriptions d’enfants très agités, impulsifs et distractibles apparaissent dans la littérature médicale dès le XIXᵉsiècle. Des revues historiques retracent la continuité entre ces premiers portraits cliniques et la conception actuelle du TDAH, même si les termes et les hypothèses explicatives ont évolué au fil du temps¹ ². Ces éléments battent en brèche l’idée d’un diagnostic « inventé » récemment.
Les critères officiels : CIM‑11 et DSM‑5‑TR
CIM‑11 (OMS).
La CIM‑11 décrit un schéma persistant (≥ 6 mois) d’inattention et/ou d’hyperactivité‑impulsivité, en dehors de la variation normale pour l’âge, avec un impact direct sur les études, l’emploi ou la vie sociale, et des manifestations dans plusieurs situations (famille, école/travail, relations). Les signes sont présents dès l’enfance. La CIM‑11 insiste sur l’évaluation clinique du retentissement et n’impose pas de « comptage » strict de symptômes par catégorie : le jugement clinique prime pour qualifier la prédominance d’un profil³.
DSM‑5‑TR (APA).
Le DSM‑5‑TR décrit trois présentations (inattentive, hyperactive‑impulsive, combinée) et fixe des seuils: au moins 6 symptômes chez l’enfant et 5 à partir de 17 ans et chez l’adulte, pendant ≥ 6 mois, avec un début avant 12 ans, une présence dans au moins deux contextes et un retentissement significatif⁴ ⁵. Le manuel précise aussi les équivalents adultes (p. ex. agitation interne plutôt que courir/grimper)⁶.
Liens officiels :
- ICD‑11 (OMS) : https://icd.who.int/
- DSM (APA) : https://www.psychiatry.org/psychiatrists/practice/dsm
« Tout le monde est distrait parfois » ≠ TDAH
Oublier ses clés, rêvasser ou s’agiter enfin de journée est fréquent et normal. On parle de TDAH seulement si les manifestations sont fréquentes, intenses, persistantes (≥ 6 mois), présentes dans plusieurs contextes et altèrent réellement la vie quotidienne. Exemple : un enfant sans TDAH peut rêvasser parfois ; un enfant avec TDAH est distrait quasi chaque jour à l’école et à la maison, avec devoirs non rendus et conflits répétés. De même, rater ponctuellement une échéance n’est pas un TDAH, alors que les rater régulièrement malgré rappels et outils, oui. Ces repères (durée, multi‑contextes, retentissement, âge de début) sont ceux appliqués par les cliniciens selon la CIM‑11 et le DSM‑5‑TR³ ⁴ ⁵.
Comment s’établit le diagnostic (et pourquoi l’auto‑évaluation ne suffit pas)
Les questionnaires en ligne peuvent aider à décider de consulter, mais ne posent jamais un diagnostic. Les recommandations officielles précisent que le diagnostic repose sur un entretien clinique approfondi, l’histoire développementale (symptômes présents dès l’enfance), des informations croisées (parents/école/travail), l’examen clinique et l’exclusion d’autres causes. Aucun biomarqueur ou test unique ne suffit. Les échelles standardisées sont utiles, mais toujours interprétées par des professionnels formés⁷ ⁸ ⁹.
Idées reçues : démêler le vrai du faux
« Le TDAH est à la mode » : Faux. La littérature médicale atteste d’une trajectoire historique solide et un consensus international (World Federation of ADHD) résume 208 conclusions étayées pour corriger les idées reçues⁸.
« C’est un problème de discipline/volonté » : Faux. Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental : la régulation de l’attention, de l’activité et de l’inhibition diffère, ce qui déborde la volonté. Les critères exigent un retentissement clinique, pas une simple turbulence³ ⁴ ⁵ ⁶.
« Ça disparaît à l’adolescence » : Inexact. Les symptômes peuvent évoluer (par ex. l’agitation motrice se transforme en agitation interne), mais une part non négligeable des personnes présente encore un TDAH à l’âge adulte ; des guides pratiques adultes (NICE dont Thierry à participé à la création, RCPsych) détaillent la prise en charge⁹ ¹⁰.
Et maintenant (Jour 2) : les symptômes officiels, sans confusion
Le Jour 2 détaillera les symptômes de la CIM‑11 et du DSM‑5, comment faire la différence entre « parfois distrait » et TDAH avec retentissement, et quand consulter. Vous y trouverez des exemples concrets et un rappel des erreurs fréquentes à éviter (auto‑diagnostic hâtif, confusion avec d’autres troubles).
Pour aller plus loin...
Ce contenu sera repris en direct dans notre accompagnement qui sera présenté lors de notre webinaire, animé par Thierry Hergueta, psychologue clinicien expert des troubles du neurodéveloppement. Il introduira l’accompagnement Cap TDAH, avec des pistes concrètes pour comprendre et avancer (diagnostic, erreurs à éviter, premiers leviers d’action). Inscrivez‑vous pour ne rien manquer.
Sources
1. Lange KW et al. (2010). The history ofattention deficit hyperactivity disorder. Atten Defic Hyperact Disord.
2. Martinez-Badía J, Martinez-Raga J.(2015). Who says this is a modern disorder? Atten Defic Hyperact Disord.
3. OMS/WHO (2024). ICD‑11 — ClinicalDescriptions & Diagnostic Requirements (ADHD 6A05).
4. APA. ADHD — DSM‑5 overview (fiche).
5. CDC (2024). Diagnosing ADHD (DSM‑5).
6. NIMH (2024). ADHD — Topic page.
7. HAS (2024). TND/TDAH : Diagnostic etinterventions (recommandations).
8. Faraone SV et al. (2021). WorldFederation of ADHD — International Consensus Statement.
9. NICE (2025). NG87 — ADHD: diagnosis andmanagement.
10. Royal College of Psychiatrists (2022).ADHD in adults: Good practice guidance (CR235).